
11 janvier 2022, Rouen
Il y a plus d’un an, j’ai vécu une période d’épuisement professionnel. Pendant de longs mois, j’ai fait de mon mieux pour continuer à travailler de manière éthique, en accord avec ces valeurs que représentait pour moi le travail social mais j’avais la sensation d’être constamment entravée. Désenchantée et à bout de force, j’ai fini par renoncer et abdiquer. J’en suis arrivée à détester mon métier et à me remettre fortement en question. Alors j’ai fuis pour me réfugier dans ma bulle. Je me suis mise à l’abri de toute cette violence. Les institutions, la marchandisation, la normatisation … tout ça, tout ça…
Aujourd’hui, je me suis reconstruite et me suis relevée. J’ai retrouvé mes esprits et ma force de vie. Et surtout, j’ai compris. En vrai, je l’aime toujours autant ce travail mais j’exècre les conditions dans lesquelles nous sommes amené.e.s à le pratiquer. Et en vrai de vrai, ce n’est pas forcément moi le problème mais ce que notre gouvernement et notre société en a fait.
Mais combien sommes-nous à douter, à sombrer, à capituler? La perte de sens et le sentiment d’impuissance se trouvent souvent au cœur de nos souffrances. Alors sommes-nous vraiment condamné.e.s à nous perdre dans les méandres des bouleversements subis par notre secteur?
Et si le moment était venu de croire en notre pouvoir d’agir ?
Le travail social à l’agonie
Depuis plusieurs mois maintenant, les associations du social et du médico-social alertent quant à la pénurie de professionnel.le.s dans le secteur. De plus en plus, je vois défiler des campagnes de recrutement sur les réseaux sociaux. Les directeurs.rices et membres des ressources humaines redoublent d’effort pour susciter l’intérêt d’éventuel.le.s candidat.e.s. Défilent alors des montages vidéos vantant ces belles valeurs centrées sur l’humain qui seraient au cœur de nos pratiques. Les discours accompagnant ces annonces tentent de refléter un quotidien apaisé au sein d’équipes conviviales, dynamiques et engagées. Il ferait bon vivre dans le social ! Malheureusement, ces campagnes de communication m’ont souvent donné comme la sensation d’assister à une propagande organisée, plus ou moins déconnectée de la réalité du terrain. Franchement, on pourrait s’y méprendre !
Suis-je surprise ? Pas vraiment. Il faut dire que ce que subit le social ces dernières années n’est pas ce qu’il y a de plus attractif. Ne nous voilons pas la face. Qui aurait décemment envie de se lancer dans plusieurs années d’étude pour subir désillusion, impuissance, épuisement, et tout cela bien sûr sans une once de considération ou de reconnaissance ?
Sectorialisation, territorialisation, rationalisation, marchandisation, quantification, évaluation : le travail social s’est transformé et les professionnels doivent faire face quotidiennement à un travail parfois difficilement gérable et réalisable. (…) Aujourd’hui, cette discipline connaît un ensemble de tensions, notamment entre les logiques professionnelles et les logiques institutionnelles. (…) Se dessaisir des désirs gestionnaires pour saisir ceux des destinataires demeure un enjeu quotidien des travailleurs sociaux.
Grimard Carolyne, Zwick Monney Martine, « Les capacités d’agir des travailleurs sociaux », Pensée plurielle, 2016/3 (n° 43)
Les institutions au sein desquelles nous nous démenons sont de plus en plus soumises aux logiques managériales entre attentes de rendement et procédures en tout genre, en dépit de l’aspect clinique pourtant si essentiel à notre pratique. Sous coup de restrictions de moyens et de course à l’efficacité, les conditions d’accueil se dégradent et notre éthique s’en retrouve clairement ébranlée.
Notre secteur a de plus connu une succession de réformes concernant les socles de formations. Les spécialités respectives de chacun de nos métiers ont été et sont encore fortement remises en question. A force d’instabilité et de demande de réajustements, les formateur.rice.s elleux-mêmes se retrouvent la tête sous l’eau. Les étudiant.e.s quant à elleux ne sont pas en reste, devant chaque année redoubler d’effort pour trouver des lieux de stage pouvant les gratifier, se retrouvant pris.es en otage pour combler le manque de personnel et ne se voyant plus la possibilité de bénéficier d’un véritable accompagnement de leurs apprentissages.
Des centres de formation au travail en institution, c’est l’ensemble du système qui est gangréné.
Que les choses soient claires, je ne jette pas vraiment la pierre aux employeurs, bien qu’iels aient aussi leurs parts de responsabilité. Les personnes accueillies au sein des établissements ou suivies par les services médico-sociaux ont bien besoin d’être accompagnées. Et si les institutions parvenaient finalement à maintenir un semblant d’équipes fonctionnelles, les financeurs pourraient décider de réduire (une fois encore) les budgets alloués voire même de supprimer des postes. Et auquel cas ces dernières ne réussiraient pas à s’en sortir, elles pourraient se voir contraintes de fermer leurs portes. J’ai bien conscience de ces enjeux mais s’il vous plait, cessons de faire miroiter l’eldorado. Regardons les choses en face et arrêtons le massacre.
Le Ségur: la goutte d’eau qui a fait éclater la révolte
Oui, le social a mal et les travailleur.se.s sociaux.les avancent parfois avec la sensation de se soumettre au sacrifice.
Dans le contexte de crise sanitaire que nous vivons encore actuellement, les conditions ont continué de se dégrader. Nous nous sommes retrouvé.e.s à assurer des suivis à distance. Nous avons accompagné la mise en place de consignes de plus en plus liberticides. Certain.e.s d’entre nous ont été amené.e.s à se confiner au sein des établissements. D’autres se sont vu.e.s confier des missions n’ayant plus rien à voir avec l’accompagnement des publics. Considéré.e.s comme professionnel.le.s de santé par l’organisme de l’assurance maladie, nous nous sommes retrouvé.e.s sur la ligne de front.
De longue date maintenant, nombre d’entre nous alerte sur l’état de notre secteur. En réponse à cela, le gouvernement n’a de cesse de nier nos réalités quotidiennes, cédant aux logiques gestionnaires et ignorant nos savoirs, savoir-faire et savoirs-être, au point de nous exclure des débats. Si l’on se replonge quelques années en arrière, le plan d’action en faveur du travail social et du développement social soumis au conseil des ministres le 21 octobre 2021 en est un exemple frappant. Bien que le social tout entier (des syndicats aux associations représentant les métiers, en passant par quelques collectifs) se soit opposé activement aux mesures présentées, cela n’a pas empêché le ministère d’avancer en force. `
Plus récemment, les travailleurs sociaux se sont vus bafoués en se retrouvant exclus des accords du Ségur. (voir livre debout…)
Si les Accords du Ségur de la santé, conclus en juillet 2020, destinés à revaloriser les métiers du soin, ont reconnu les professionnels des établissements de la fonction publique hospitalière et des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) avec une prime, ils ont créé une situation d’inégalité avec leurs collègues du secteur médico-social non lucratif, parfois dans un même service.
Rouff-Fiorenzi Katia, « Métiers de l’humain: à bout de souffle », Lien Social, 2021 (N° 1306)
Un énième affront qui a suscité la colère dans tout le secteur. Comme s’il ne suffisait pas que nos métiers soient invisibilisés et maltraités, cela est venu mettre en exergue le manque de valorisation qui leur est attribué.
Réveillant sentiment d’injustice et manque de reconnaissance, s’en est suivie une forte mobilisation arrivée à son apogée en date du 7 décembre 2021. Aux quatre coins de la France, étudiant.e.s et travailleur.se.s sociaux.les, toutes spécialités et tous champs d’intervention confondus, se sont mis en grève et une grande partie d’entre elleux s’est retrouvée dans la rue pour crier leur révolte. Les pouvoirs publics semblent y être restés hermétiques et les retombées médiatiques ne furent pas à la hauteur de nos attentes. Pas pour autant découragé.e.s, les initiateurs du mouvement ont appelé à renforcer la mobilisation de manière à maintenir la pression et obtenir gain de cause quant aux revendications établies.
Engagé.e.s dans un véritable bras de fer contre le gouvernement mais aussi contre les organisations patronales tentant de faire passer la mise en place d’une convention collective unique, nous avons surtout à cœur de redonner du sens à nos pratiques et de retrouver tant notre dignité que celle des personnes que nous accompagnons.
Malheureusement, désillusion rime souvent avec découragement. La colère et la révolte ont pour certain.e.s laissé place à l’abattement et au retrait. Je suis passée par là et je ne peux jeter la pierre à tou.te.s celleux qui ont déjà donné au prix de leur santé mentale. Sachez que, bien que je ne sois actuellement plus dans la même dynamique, je vous vois et je vous soutiens.
Néanmoins, j’ai à ce jour à cœur de réveiller les élans et surtout de m’adresser à celleux qui ont encore les ressources pour s’engager pour l’avenir de nos métiers.
Et si le moment était venu de reprendre notre pouvoir d’agir?
En ce qui me concerne, à ma hauteur et avec les moyens qui sont les miens, je ne peux me résoudre à rester dans la passivité et je ressens le besoin de reprendre un tant soit peu le contrôle sur ce qui m’importe, sur ce qui nous importe. J’ai envie de me ressentir comme actrice capable de dépasser les discours teintés de plainte et de pessimisme pour me mettre en mouvement peu importe ce qui en découlera. C’est la raison pour laquelle j’ai tenté d’explorer les différents moyens à notre disposition afin de vous en rendre compte.
A mon sens, l’engagement peut tout d’abord résider dans des actions quotidiennes qui peuvent paraitre insignifiantes mais qui contribuent pourtant à l’amplification d’un mouvement. Ainsi, se renseigner sur ce qui se passe dans notre secteur depuis plusieurs années maintenant afin de prendre conscience des enjeux en cours me parait être une première étape de passage à l’action. A ce sujet, diverses ressources sont à notre disposition (ouvrages, revues du social, sites internet spécialisés, réseaux sociaux…).
Lorsque les informations s’avèrent pertinentes, n’oublions pas que nous avons la possibilité de les relayer et de sensibiliser notre entourage à la fois professionnel et personnel. De même, il nous est possible de soutenir les initiatives qui retiennent notre attention voire suscitent notre enthousiasme. Faire part de nos ressentis aux personnes qui en sont à l’origine, partager et inviter nos collègues à découvrir leur travail contribuent fortement à encourager la poursuite des efforts engagés.
Par ailleurs, éveiller notre esprit critique et nous intéresser de manière plus globale au système dans lequel nous travaillons n’est pas dénué d’intérêt. L’évolution des politiques sociales en dit long sur ce qui est attendu de nous. De même, la façon dont nos dirigeant.e.s (politiques, associatifs, institutionnels) se positionnent n’est pas sans conséquence sur nos conditions de travail et donc sur la façon dont nous sommes amenés à considérer les personnes que nous accompagnons. Tout est lié et si nous ne nous montrons pas vigilants, nous pouvons vite nous retrouver à errer dans des environnements professionnels totalement désincarnés socialement parlant. A nous donc d’être en alerte et de pointer les dérives.
Cela peut se faire directement au sein des établissements où nous évoluons ou plus globalement en témoignant, même de manière anonyme, quand l’occasion se présente. Je pense entre autres à quelques appels lancés récemment sur Instagram, pour ne citer que ce réseau, par des travailleuses sociales ayant à cœur de nous donner la parole.
Signaler ce qui nous apparait comme inadéquat sur le terrain est nécessaire. Et quand verbaliser et discuter ne suffit plus, quelques professionnel.le.s font le choix délibéré de ruser allant parfois jusqu’à déjouer les règles institutionnelles et renier les directives hiérarchiques. Cela peut être une façon d’obtenir gain de cause et de rester dans des pratiques en accord avec leur éthique. Résister c’est aussi parfois refuser de se soumettre et croire en la force de ses convictions.
Cette façon d’affirmer son positionnement peut être efficace mais porter des combats de manière individuelle peut vite devenir épuisant. Certain.e.s en paient malheureusement le prix fort et pour cause. A y regarder de plus près, même si toute avancée est bonne à prendre, agir à l’échelle d’une institution quand le problème touche l’ensemble d’un système peut s’avérer vain. Je n’irai sûrement pas jusqu’à dire que c’est inutile, loin de là. C’est une première pierre à l’édifice mais force est de constater que cela ne suffit pas à changer la donne.
Sortir de l’ombre pour interpeller le monde
Faut-il le rappeler, les instances chargées de réformer le travail social ont décidé d’effectuer la refonte sans même solliciter les professionnel.le.s de notre secteur. Dans un entre-soi perché dans les hautes sphères politiques, les gestionnaires et décideurs se complaisent à poursuivre leur tâche de manière totalement déconnectée des réalités de nos métiers.
La teneur de nos accompagnements et tous les processus sous-jacents à notre pratique sont généralement difficilement perceptibles et accessibles pour ceux qui n’y sont pas sensibilisés et formés. Dans ses derniers articles, Philippe Gaberan nous invite à « faire jaillir la complexité de (nos) métier(s) de dessous la banalité des actes posés au quotidien », de « passer de l’intuition d’une pratique à sa conceptualisation ». En d’autres mots, à nous aussi de repenser la façon dont nous évoquons et décrivons nos pratiques. Les mots ont de la valeur et la façon dont nous les utilisons a un impact sur la perception des autres à notre égard. Pour faire simple, non, être éduc’, ce n’est pas juste faire des sorties et partager des repas conviviaux…
A nous de faire ressortir toute la valeur de ces moments qui peuvent sembler anodins, à nous de valoriser nos savoir-faire et savoir-être, à nous de transmettre le sens et l’essence de notre travail. A nous de prendre le temps de penser, de débattre, de conceptualiser. Cela se fait essentiellement dans les cadres de formation mais tend malheureusement à se perdre au sein de nos structures. Malgré tout, nous pouvons nous aussi être à l’initiative d’espace-temps propices aux rencontres et aux échanges que ce soit en présentiel ou en distanciel. Je pense notamment à la création de forums ou aux formats lives que l’on peut voir passer sur les réseaux sociaux.
Cette démarche peut aussi se faire par le processus de création. C’est ce que tentent quelques professionnel.le.s sur la toile. C’est notamment l’objet de nombreux ouvrages et de long-métrages sortis dans nos salles à destination du grand public. Alors nous n’avons pas tous l’âme de grands auteurs ou de réalisateurs mais si l’envie est là, pourquoi ne pas tenter de créer à notre tour ? Cela peut passer par la tenue d’un blog, l’écriture d’articles, la confection de documentaires ou de court-métrages, le montage d’une exposition sur le travail social, la création d’un podcast…Nous pouvons également endosser le rôle de passeur.se.s en faisant connaître l’existant et pourquoi pas organiser des évènements autour de ces supports (projections, ciné-débats, partages via les clubs de lectures… ).
A noter que quelques festivals ont été organisé en lien avec le Travail social. Certains ont encore lieu chaque année.
L’investissement des espaces créatifs et culturels est donc une piste à explorer pour sortir de l’entre-soi mais force est de constater que celleux qui s’y intéressent sont aussi celleux qui sont déjà un tant soit peu sensibilisé.e.s aux questions sociales. Or, comment espérer rallier le monde à notre cause si nous ne sommes pas nous même en mesure de sortir de nos bulles ?
Certain.e.s ont tenté l’expérience des collages. C’est ainsi qu’à Montpellier sont apparues dans les rues des affiches dénonçant nos conditions. Visant à sensibiliser et à interpeller les passants, il s’agit d’un moyen d’expression militant qui a fait ses preuves dans d’autres sphères*.
* Bien que je soutienne ces initiatives, je me dois tout de même de vous préciser que cela peut être assimilé à de la dégradation passible de sanctions.

Source: https://lepoing.net/travail-social-les-nouvelles-actrices-et-acteurs-de-la-lutte/
Nous ouvrir au monde et donner à voir nos réalités, c’est aussi solliciter les médias qui ont le pouvoir de nous faire exister aux yeux de tous. Qu’ils s’étendent au niveau local ou national, la presse, la radio, la télévision contribuent fortement à orienter l’attention du grand public. Les interpeller afin qu’ils couvrent nos initiatives et qu’ils communiquent au sujet de ce que nous vivons et revendiquons peut venir donner du poids à la mobilisation.
Se tourner vers le collectif
Nous pouvons certes nous activer de manière individuelle et engager des actions çà et là mais nous pouvons aussi faire le choix de nous réunir pour avancer ensemble vers notre but commun à savoir défendre la cause de nos métiers et des personnes que nous accompagnons.
Pour ce faire, plusieurs dispositifs sont à notre disposition.
Ces derniers temps, nous avons été invité.e.s par les syndicats à participer à des mouvements de grève et de manifestations. En nombre, nous avons pris le parti d’arrêter temporairement de travailler pour exprimer notre mécontentement et d’occuper l’espace public afin de revendiquer et forcer les négociations quant aux derniers positionnements gouvernementaux. Cela a au moins eu pour conséquence de créer l’émulation dans le secteur.
Porté.e.s par le collectif, nous avons ainsi pu signifier notre solidarité, renforcer notre identité collective et rassembler nos forces pour lutter. Les actions d’ampleur nationale ont cet avantage de créer du lien et de faire émerger les sentiments d’appartenance. Nous avons ainsi pu faire converger nos engagements en créant une entité légitime et suffisamment solide pour espérer faire bouger les lignes. Au-delà des aspects politiques, cela nous a donné l’opportunité de nous rencontrer, de nous retrouver, d’échanger. A mon sens, ces évènements ne sont pas à voir comme une fin en soi. Ils peuvent au contraire être le terreau de grands projets et favoriser l’émergence de nouvelles activités militantes. C’est d’ailleurs ainsi que certains collectifs ont vu le jour.
L’opposition à la loi El Khomri et la dynamique de Nuit Debout ont favorisé l’émergence d’un mouvement structuré, qui a construit son autonomie. Pendant plusieurs mois, la Commission action travail social (CATS) a produit, avec une belle énergie, des idées, de l’intelligence et de l’expérience
Jonathan Louli, « Nuit debout: cette mobilisation crée de la confiance », Lien Social, 2016 (N° 1191)
Pour celleux qui ne souhaitent pas forcément se rapprocher des syndicats ou qui ne se reconnaissent pas dans ce type d’action, rejoindre un collectif peut être une piste à explorer. Réunissant généralement étudiant.e.s et professionnel.le.s, ces entités peuvent permettre de continuer à réfléchir et agir par le biais d’activités organisées collectivement. Ce peut être un moyen de retrouver du sens et de contribuer à la cause de manière parfois plus impactante tout en partageant le poids qui pèse sur nos épaules.
Le collectif (Avenir éducs) a organisé de nombreux débats dans différentes villes notamment sur les questions de la refonte des métiers, de la financiarisation du social, de la protection de l’enfance. À son initiative a eu lieu la journée « Debout pour nos métiers » qui a rassemblé plus de 600 personnes le 22 novembre 2014. En novembre 2015, il a participé au lancement des états généraux alternatifs du travail social, EGATS1, avec une intersyndicale. Ceux-ci ont donné lieu au festival du travail social le 14 mai 20162 (avec la participation de la CNT également).
Le collectif Avenir éducs agit également à travers des mobilisations, des compilations de témoignages de professionnels, des lettres adressées aux dirigeants du social, la construction et la diffusion de documents pour mieux saisir les enjeux à l’œuvre dans la refonte. Le collectif cherche à redonner la parole aux acteurs de terrain sur l’avenir du travail social et à faire vivre les valeurs de solidarité et d’égalité qui y sont rattachées.
extrait de la présentation du collectif Avenir éducateur, http://www.avenireducs.com
Enfin, n’oublions pas que nous avons la possibilité d’adhérer à des associations professionnelles telles que l’Association Nationale des Assistants de Service Social (ANAS), l’Organisation Nationale des Educateurs Spécialisés (ONES)* , France CESF, la Fédération nationale des éducateurs.ices de jeunes enfants (FNEJE)… qui sont des actrices majeures oeuvrant dans le sens de la valorisation et de la reconnaissance de nos métiers. Représentant et défendant nos intérêts auprès des pouvoirs publics, elles ont l’avantage d’avoir davantage de visibilité et de jouir d’une certaine crédibilité du fait de leurs statuts.
* il semblerait malheureusement que cette association soit actuellement en dissolution
Au final, aller chercher les ressources dans notre environnement, décrire, analyser, écrire, utiliser des supports médiateurs, monter des projets vecteurs de changement, mettre en place les conditions propices à la mise en mouvement, faire équipe, solliciter les réseaux à disposition, nous appuyer sur l’énergie du collectif…Rien qui ne soit en dehors de nos compétences.
Peut-être suis-je à nouveau dans l’illusion. Il est possible que mes utopies soient encore de la partie mais cela ne signifie pas pour autant que tout est irréalisable. Nous ne détenons pas le pouvoir de décision mais nous disposons d’une diversité de moyens mobilisables à plus ou moins grande échelle pour éveiller les conscience et sensibiliser aux conditions dans lesquelles nous sommes à ce jour contraint.e.s d’évoluer.
Nous avons peut-être la possibilité de faire pencher la balance de manière à influencer et à influer sur le devenir de notre secteur. Il est fort probable que nous n’obtiendrons pas tout ce à qui nous aspirons. Cela ne signifiera pas que nous avons échoué. Seulement, si à l’avenir nous ne souhaitons pas nous laisser happer par le regret de l’inaction, saisissons-nous dès à présent des forces vives et faisons le choix de nous impliquer dans la mobilisation.
Ensemble, réunissant nos énergies, nous pouvons peut-être venir ébranler cet amas de non-sens et le faire s’écrouler à force d’actions pertinentes, puissantes et incisives. Alors osons, chacun à notre hauteur, avec nos possibilités et compétences propres. Osons résister, osons revendiquer, osons œuvrer pour voir enfin notre social se relever.
N’hésitez pas à me faire part de vos ressentis quant à cet article. Je serais également heureuse de lire vos remarques et questionnements! Et si vous avez connaissance d’autres moyens de mobilisation, vous êtes les bienvenu.e.s pour le partager!
N’hésitez pas à relayer l’article sur vos réseaux si le contenu vous a plu.
Quelques ressources pour aller plus loin:
– Pour mieux comprendre ce qui se joue dans notre secteur depuis quelques années maintenant, je vous conseille livre:
Debout pour nos métiers du travail social, du Collectif avenir éducs
Et pour en découvrir davantage sur le collectif Avenir éducs, vous pouvez vous rendre sur leur site internet
– La revue Lien Social a consacré quelques dossiers au sujet de la mobilisation des travailleurs sociaux et Médico-sociaux:
Mobilisations actuelles: « Métiers de l’humain: à bout de souffle », Lien Social, 2021 (N° 1306)
Mobilisation « Nuit debout »: « Nuit debout: cette mobilisation crée de la confiance », Lien Social, 2016 (N° 1191)
– La revue ASH a aussi publié quelques articles sur le sujet dont:
» Un an après : (dés)accords du Ségur pour le médico-social »
« Travail social : vers une crise des vocations ?
– La revue Pensée Plurielle a par ailleurs publié un article traitant du pouvoir d’agir des travailleurs sociaux dans le contexte actuel:
« Les capacités d’agir des travailleurs sociaux »
– Si cela vous intéresse, voici les derniers articles de Philippe Gaberan auxquels je fais référence:
« Nous, aussi, sommes responsables des crimes commis contre l’éducation spécialisée »
« Reprendre la main sur le métier d’éduc »
« A quoi bon défendre encore le métier d’éduc spé? »
– Pour suivre la mobilisation au plus près et vous informer sur les actions engagées, vous pouvez consulter:
La page de la Commission de Mobilisation du Travail Social Ile-de-France sur Facebook
– J’ai évoqué les festivals en lien avec le Travail Social, parmi eux:
Le festival du film social
si vous voulez en savoir plus quant à celui qu’avait organisé Avenir éducs en 2016:
le programme
– Au sujet de l’ONES et sa dissolution, vous pouvez lire:
La disparition de l’ONES, l’Organisation Nationale des Éducateurs Spécialisés : Dissolution ou solution ?